Prix Diplôme Approches thématiques ou méthodologiques

Recomposer le littoral de Montpellier, un territoire en mutation par la montée des eaux

Pauline Crévillers
Structure : École de la Nature et du Paysage de Blois
Enseignante encadrant : Catherine Farelle

En Occitanie, les côtes à lido sont menacées par le dérèglement climatique, notamment par la montée des eaux. Ces territoires soumis au tourisme de masse, suscitent débats et conflits pour anticiper et intervenir. Le projet de paysage permet de traiter l'ensemble de l'épaisseur littorale et agir sur l'imaginaire et les trajectoires futures des rivages en mouvement. Au sein du littoral de Montpellier projeté à l'horizon 2100, le paysagiste propose une recomposition spatiale nouvelle et concertée.
Il y a 60 ans, les promoteurs de la mission Racine ont rêvé des stations balnéaires sur le pourtour du Golfe du Lion. À hauteur du littoral de Montpellier, là où le long cordon dunaire du lido n’était habité auparavant que par quelques pêcheurs, les paysages d’aujourd’hui sont variés et largement artificialisés : urbanisme récent, espaces naturels sous pression foncière, secteurs protégés. Ce territoire étant soumis également au dérèglement climatique, les risques naturels (inondation, érosion et submersion marine), impactant déjà le territoire, s’accompagnent par la montée des eaux qui préoccupe techniciens et collectivités territoriales (d’après les dernières prévisions du GIEC). Alors, comment envisager l’avenir de cette terre que la mer pourrait désormais reprendre ? C’est à travers un projet de recomposition spatiale, projeté à l’horizon 2100, que j’ai choisi de traiter l’épaisseur vivante de ce littoral où urbanisme, agriculture, milieux naturels et mobilités s’entremêlent. Mon rôle est d’accompagner pour sensibiliser et co-construire un projet de territoire cohérent, accepté par ces occupants. L’étang du Méjean devient l’élément structurant des trois composantes de l’épaisseur littorale : le lido, les lagunes et le rétro-littoral. Afin d’envisager de nouvelles solidarités et de nouveaux usages, ma démarche s’établit ici en trois temps : jusqu’en 2030, « Préparer à la mer », suppose d’impliquer les habitants, d’appliquer une politique foncière et de réactiver le rétro-littoral. À partir de 2050, « Rendre à la mer », vise à se donner encore du temps à travers des systèmes de protection en dur à l’encontre des différents risques et à réorganiser les mobilités. Enfin, vers 2100, « Entre terre et mer », s’intéresse à l’histoire comme support de nouveaux projets, tout en confortant les nouvelles pratiques durables de la baie palavasienne. Avec l’élévation du niveau de la mer, la mise en scène du relief, en tant que nouveau rivage, permet de révéler les émergences du territoire. En exploitant la végétation spécifique des lagunes, on assumera le nouveau biseau salé. Le projet reconsidère aussi les espaces habités en désartificialisant en douceur, ce qui contribue à mutualiser et à créer des lieux de vie adaptés au nouveau rivage. Autour du Méjean, l’ensemble de mes actions considère donc à la fois l’attractivité littorale, la résilience, les ressources et le paysage productif. Chacun des sites présentés en image, met l’accent sur l’une de ces thématiques. Ce projet de paysage s’attache à révéler le déjà-là et le presque-là. La baie se transforme, physiquement mais aussi dans l’imaginaire des habitants. Anticiper renforce la manière de voir et permet de comprendre l’objectif de la recomposition spatiale. Alors que nous sommes en train de changer nos outils et de modifier nos approches de concepteurs, ce travail transversal propose une diversité de réponses qui pourrait s’appliquer à tous les territoires du lido, sur l’ensemble du Golfe du Lion.

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