PRIX COUP DE CŒUR

Plan de paysage sous-marin des Calanques

Miguel GEORGIEFF
Le Parc national des Calanques est gestionnaire d’un espace de 43500 ha de cœur marin (+ 8500 ha terrestres). Il s’est doté en 2016 d’un Plan de paysage terrestre. C’est pour partager, échanger, et faire évoluer la culture du paysage qu’il a poursuivi son Plan de paysage sur la partie sous-marine.
Aux lisières de la pratique de la profession de paysagiste concepteur, nous étions chargés de l’élaboration de ce document ambitieux et de cette démarche pilote.

Né à Buenos Aires, Miguel GEORGIEFF fonde l'atelier Coloco à Paris en 2000, dès l'obtention de son diplôme de paysagiste DPLG.
PARTAGER LA CONNAISSANCE ET LES EMOTIONS Les recherches sur la perception du paysage https://www.f-f-p.org/wp-content/uploads/2023/04/photo.jpg-marin sont balbutiantes et trop peu diffusées (ou trop techniques). Le but de cette mission était de trouver une méthode de travail collaborative permettant de combiner et de communiquer les savoirs de chacun pour les rendre accessibles à tous : élus locaux, techniciens, gestionnaires, professionnels, visiteurs et habitants. Le plan de paysage identifie les processus anthropiques et naturels à l’œuvre et propose des objectifs adaptés pour la protection de la valeur de ces paysages. – Révéler les paysages sous-marins pour une meilleure appropriation des enjeux de préservation ; – Mieux appréhender l’empreinte de l’homme sur l’environnement marin pour mieux la contrôler ; – Proposer une vision globale du fonctionnement des espaces marins du cœur du Parc national des Calanques et ses relations au territoire métropolitain. INVENTER, PAR L’EXPLORATION, UNE DEFINITION DU « PAYSAGE SOUS-MARIN » – La notion d’horizon, fondatrice du paysage terrestre, est ici absente. Lors de chaque atelier, il a fallu faire évoluer cette définition pour trouver un vocabulaire commun. – Sous l’eau, la dimension sonore est très présente, pour des raisons de propagation du son et de modification de la vue. C’est un point important… mais aussi à terre ! Le paysage sous-marin réinvente donc notre rapport au paysage en général. – L’accent a été mis sur l’inaccessibilité de ces paysages. Mais, à terre aussi, on ne va pas partout : les covisibilités, les cartes et les récits compensent cela. Les covisibilités existent peu à cause de l’opacité de la masse d’eau… La carte des paysages sous-marins des Calanques était inexistante : nous l’avons créée… Reste alors à inventer une histoire partagée pour une prise de responsabilité commune… PROJETER : PROTEGER Faire reconnaitre le bon fonctionnement écologique comme une ambition de projet de paysage sans exclure les humains est, en soi, un défi. Les paysages sous-marins des Calanques sont faits de mécanismes, de dynamiques. Comment agir en interaction avec ce territoire sans l’aménager ? Le plan de paysage n’a pas pour objet de fixer des points à aménager et d’autres à désaménager. Le plan d’actions pour la protection et la valorisation ne peut agir que par influences de pratiques, par confortement, mise en défens, etc. Ici, arrêter d’agir est une action de projet valeureuse qui est parfois la plus structurante. «Prendre garde» – remarquer, prêter attention – se confond alors avec le «prendre soin» – protéger, sauvegarder : «take care» ! LE PAYSAGE, OUTIL DU DEBAT ET DU COMMUN Cette démarche a révélé une facette importante de la profession de paysagiste concepteur : la capacité de mettre ensemble autour d’une même table ou carte, ou dans un même bateau, des acteurs très variés d’un territoire. C’est par cette prise de conscience urgente et partagée qu’une vision émerge : penser les territoires de demain de manière collective.

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