Prix Réalisations Places et rues

Le Champ de Mai

Chloé SANSON
Structure : ATELIER ROBERTA

Le projet de parking proposé n’a pas consisté à poser un objet sur une place mais à travailler la place elle-même et faire de cet objet une vaste esplanade en pente, ouverte sur une place-jardin. Il s’agit bien ici de générer un espace public le plus vaste et le plus appropriable possible. Une place-jardin au quotidien mais aussi un lieu de spectacles et d’évènements.
L’histoire de la reconversion de la Friche de la Belle de Mai est de toujours plus s’ouvrir sur son quartier. C’est par l’apparition d’espaces publics qu’elle transcende sa nouvelle fonction de lieu culturel et de rencontre. Les plateaux, rues, toits accessibles, jardins y sont autant de possibles pour les échanges, débats et projets futurs. Ainsi le projet de parking proposé n’a pas consisté à poser un objet sur une place mais à travailler la place elle-même et faire de cet objet une vaste esplanade en pente, ouverte sur une place-jardin. Il s’agit bien ici de générer un espace public le plus vaste et le plus appropriable possible. Une place-jardin au quotidien mais aussi un lieu de spectacles et d’évènements. Cette place dédiée à la ville, se tourne vers le panorama que lui offre la façade de faubourg du quartier Chutes-Lavie et en fait son décor. Dégagée des circulations, la place est dessinée par un cadre de cheminements en béton clair, marquant la dominance de la dimension piétonnière du lieu tout en ménageant les accès techniques nécessaires. De longues assises la ceinturent et donnent à voir son sol d’enrobé comme une trace de l’histoire du lieu. Sa surface est ainsi laissée brute, telle que, et percée sur sa périphérie pour faire place au végétal. De larges fosses plantées permettent ainsi d’installer de part et d’autre de la place une présence arborée qui apportera ombre et fraicheur, marquant la transformation progressive de l’espace vers une qualité de jardin véritable. Nous nous sommes intégrés dans un processus initié par les travaux des étudiants de l’ENSP, dont la Friche a longtemps été lieu d’expérimentation, et qui ont su travailler ses moindres interstices pour y recréer une certaine fertilité. Cette transformation radicale et symbolique est donnée à lire par le réemploi de l’enrobé décapé, tantôt disposé en bordures de protection du végétal, sous formes de plaques disposées aléatoirement, tantôt en paillage une fois concassé et criblé. Le végétal s’inspire de la flore méditerranéenne dans ses capacités à s’adapter à la sécheresse, au vent, et aux sols pauvres. Les arbres jouent d’un mélange de pins (Pinus pinea, pinaster) et de frênes (Fraxinus ornus, et oxycarpa), reprenant, intégrant les jeunes plantations du jardin des rails avoisinants pour les décliner. L’ombre est variée et travaillée pour offrir des lieux d’assise protégés. Les plantations arbustives et vivaces s’inspirent des jardins de garrigue ( lentisque, pistachier, cistes, artemises, asphodèles …) et s’entourent d’espèces capables de résister au piétinement ( phyla nodyflora, thymus hursutus, achillea crithmifolia …). Les conditions ont été travaillées pour permettre à l’ensemble de ce végétal de se développer sans arrosage automatique. Le climat méditerranéen et les paysages marseillais environnants offrent de multiples exemples de ces paysages majoritairement minéraux et pour autant jardins, riches de poésie, de senteurs et de matières.

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