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Les jardins d’artistes au XIXe en Europe

Actes du colloque départemental de la Vallée aux Loups, 18 et 19 mai 2015. Durant deux journées, historiens français et internationaux se sont relayés pour présenter différents jardins ou lieux liés à des figures du milieu artistique et littéraire du XIXème siècle en Europe : Georges Sand à Nohant, Caillebotte à Yerres, Goethe à Weimar, Châteaubriand à la Vallée aux Loups, Jean-Henri Fabre à l’Harmas, Monet à Giverny, la Garenne-Lemot…
Il ressort de cette première journée consacrée à différents jardins romantiques existants ou imaginaires, que ces derniers constituent une retraite pour leurs créateurs. Cultiver son jardin, se retrouver avec soi-même, Marco Martella, organisateur du colloque consacre au sujet une très riche introduction, citant d’emblée Châteaubriand dans les Mémoires d’Outre-Tombe, « confiné » dans sa vallée : « Avez-vous entendu tomber l’Empire ? Non, rien n’a troublé le repos de ces lieux ! » Au XIXème siècle, en pleine période romantique, beaucoup d’artistes trouvent dans leurs jardins la paix, l’inspiration, la liberté, la solitude… une façon de prendre ses distances avec le monde qui va trop vite à l’heure de la révolution industrielle. Dans leurs jardins, les artistes semblent décrocher avec les paysages contemporains : ceux du monde industriel naissant comme ceux codifiés du Second empire, par exemple. Ils y développent un autre regard sur le monde, un art de vivre ou peut-être l’esquisse d’un modèle de société comme dans Le Paradou d’Emile Zola – « le grand jardin vivait avec une extravagance de bête heureuse, lâchée au bout du monde, loin de tout, libre de tout. » (E. Zola, La faute de l’Abbé Mouret, 1875) – ou chez Georges Sand qui insiste sur les plantes locales et la nécessité de créer un jardin en harmonie avec son milieu. On pourrait imaginer le même colloque sur les jardins d’artistes d’aujourd’hui tellement les romantiques nous rappellent nos contemporains Pierre Rabhi, Gilles Clément, Ian Hamilton Finlay, Francis Hallé et bien d’autres. La seconde partie du livre reprend le thème de la seconde journée du colloque : « Les jardins romantiques aujourd’hui. Usages contemporains, gestion et restauration » avec les contributions d’historiens des jardins et du paysage, des responsables de la conservation de jardins historiques, et des jardiniers en chef tels Pierre Bonnaure (Tuileries, Elysée) et Gilles Vahé (Giverny).

Michel Audouy

 

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