Lecture

Le champ d’en face

« Depuis la baie du salon, enfant, j’observe, saison après saison, l’étendue champêtre qui se situe en face de notre maison. En hiver, des remous terreux se prolongent jusqu’à la ligne d’horizon. A Pâques, sous le chant mécanique du coucou, flotte dans l’air une intensité qui devance le jaillissement des semences. » (…)
C’est là, dans cette expérience enfantine du paysage que naît la vocation de Laure Quoniam. Cette vocation se transforme au fil des années d’apprentissage d’un métier, au gré des voyages et des rencontres. Laure se souvient et raconte tout ce qui a contribué à sa formation de paysagiste, un long séjour aux Etats unis notamment et la rencontre décisive du concepteur Dan Kiley. Retour en France où les premières expériences professionnelles sont aussi des étapes pleines d’enseignements comme à Soisy-sur-Seine. Chaque projet de jardin, ou de paysage est une rencontre, un dialogue avec des maîtres d’ouvrages et la réalité d’un site à tel point que l’engagement est aussi personnel : « Pour chacun de mes jardins, j’attends un temps infini l’incarnation de mes projections. Mes dessins demeurent en quelque sorte des fragments de rêves, une réalité en devenir. (…) » (p. 62) Viennent les grandes commandes et la reconnaissance d’une touche particulière à travers des projets finement ciselés. Rappelons bien sûr la réhabilitation du paysage autour du Pont du Gard, ou le parc du château d’Ancy-le-Franc où la paysagiste a le temps pour elle. Rarement, livre de paysagiste explore autant un parcours personnel, la construction à travers les rencontres et les expériences depuis la petite enfance jusqu’à une maturité professionnelle qui est aussi une maturité personnelle, une forme d’ épanouissement… et cela se retrouve par petites touches dans chacun de ses projets.

Michel Audouy

  • Laure Quoniam, éditions Gourcuff Gradenigo, 2020, 174 pages illustrées, 26 euros.

Plus d’actualités