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La biodiversité avec ou sans l’homme ?

Réflexions d’un écologue sur la protection de la nature en France Dans cet ouvrage, Christian Levêque (directeur de recherche émérite de l’IRD, auteur de nombreux ouvrages sur l’écologie et la biodiversité) revient aux fondamentaux : définition(s) de la biodiversité, histoire « sans cesse renouvelée » de la diversité biologique et de la protection de la nature. L’écologue revient aussi sur le mythe (romantique) d’une nature vierge et sauvage, sur le fantasme du retour à la nature comme sur « Le sauvage en ville », ce sauvage qui fait frissonner, que l’on croit sauvage et qui est souvent le résultat d’un aménagement réussi comme le marais du parc du Sausset à Villepinte ! L’auteur revient également sur la manière dont la transformation des paysages a créé autant que détruit la biodiversité et sur les idées reçues qui animent le débat sur la protection de la nature : « les relations homme-nature, un débat qui fait encore recette ». A ce sujet, il est utile de lire ou relire Philippe Descola et quelques autres cités par  C. Lévêque.
Le chapitre 8 – « La diversité biologique : un patrimoine à préserver ? » – rappelle bien les difficultés et les contradictions qui se posent lorsqu’on souhaite préserver des systèmes écologiques nés d’activités humaines abandonnées (l’agriculture pour l’essentiel) Faut-il maintenir ces systèmes ? Les faire évoluer ? Aller vers de nouveaux écosystèmes ? Et là, il est question de « renaturation », de nature jardinée… encore un débat. Peut-être pour arriver à déterminer vers quelle (s) diversité biologique voulons-nous aller. Et qui décide de cela ? « Ecoland, ou la mise en scène de la nature ? » conclue l’auteur et de citer ce qui pourrait se profiler (si tout le monde est d’accord…). « On aurait ainsi, à la manière de l’écologie des paysages, une forme de patchwork de natures « naturelles » mais entretenues, dans une matrice de milieux plus ou moins urbanisés ou à usages agricole et forestier, ces « taches » étant possibles mises en réseau par la trame verte et bleue qui permet, dit-on, aux espèces de circuler librement, y compris ces invasives que certains redoutent tant ! Yaka donc ? Mais à peine parle–t-on d’aménagements que les contestations fleurissent. » Un ouvrage pour sortir du catastrophisme comme de l’ignorance, ou des deux !

Michel Audouy

  • Christian Levêque, éditions Quae et Académie d’agriculture de France, 2017,  20 euros.
   

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