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Jardins & Sècheresse

Revue Garden-Lab, Eté-Automne 2020 Le 10ème numéro de la revue Garden-Lab est arrivé dans les kiosques fin août alors que l’été n’en finissait pas d’être sec. On perçoit çà et là l’évolution climatique, dans les lieux plantés comme dans les milieux naturels ; les sècheresses répétées contribuent à faire évoluer les paysages. L’équipe de Garden-Lab a voyagé ou est partie en quête d’expériences, de démarches et d’exemples dans plusieurs coins du monde. Le récit du voyage de 7 mois sur les routes de Méditerranée de Stanislas Alaguillaume et de sa famille donne à ce numéro ses plus belles pages car il s’agit du récit du voyage d’un paysagiste qui du Domaine du Rayol au Jardin du Mucem a développé une passion autant qu’une expertise sur les jardins et les paysages méditerranéens, et sur les milieux secs. Cette expérience pourrait occuper toute la revue tant elle ouvre des portes sur la réinvention du jardin à l’aune d’une intégration de la sècheresse dans la manière d’aborder différemment la conception des jardins et du paysage.
Bel exemple de cette démarche, le beau et exemplaire jardin du Fort Saint-Jean / Mucem à Marseille est présenté dans ce numéro, illustré par des photos remarquables. L’un des grands acteurs de ce lieu est là également : Olivier Filippi, pionnier en France sur le sujet, inspiré depuis longtemps par l’observation de la garrigue pour sa pépinière et ses jardins. Eric Ossart et Arnaud Maurières développent les jardins secs ou peu arrosés depuis plusieurs années dans le sud marocain avec le talent qu’on leur connaît dans l’association des essences végétales et des couleurs. On notera aussi un texte de Maxime Lancien – « Sauver la forêt avec des graines venues d’ailleurs » – un projet de l’Office national des forêts qui « propose d’enrichir la biodiversité existante avec du matériel vivant en provenance du Sud, sans pour autant procéder à une substitution », enfin une approche scientifique d’une question trop souvent marginalisée par le (faux) débat entre plantes indigènes et plantes d’ailleurs. On aimerait en savoir davantage sur des expériences menées en forêt. Enfin, ce 10ème numéro propose comme d’habitude plusieurs beaux portraits (jardinier, paysagiste…), en particulier celui de Roselinde Thiemann, collectionneuse et productrice de cactus au Maroc à la suite de son père, une sorte de pionnier dans les années 1970, dont la fille a fini par suivre les pas.

Michel Audouy

  • Collectif, ss la direction de Sylvie Ligny, et Cécile Christophe, publication Garden-lab juillet 2020, 175 pages illustrées, 19,90 euros en kiosque et librairies spécialisées, ou sur abonnement.

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